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Quel avenir pour la sidérurgie liégeoise ?

Fin octobre, la direction d'Arcelor Mittal annonçait que 28 emplois sur les 165 équivalents temps plein qui travaillent sur le site de l’étamage à Ferblatil allaient être supprimés. Cette même direction tente de rassurer les travailleurs que le site n'est pas en péril. Dans le même temps, sur l'ensemble des sites du bassin, on s'inquiète plus que jamais sur l'avenir de nos emplois, sur fond de crise économique et de rachat par Mittal du plus grand site de sidérurgie intégrée d'Europe en Italie. Vu la situation, nous avons essayé de faire le point, de clarifier ce qui est en train de se jouer et d'avancer des pistes pour garantir un avenir à la sidérurgie liégeoise, à ses emplois et à son savoir-faire.

Damien Robert

Tout le monde s'accorde pour dire que le marché de l'acier connaît une crise en Europe. Mais dire cela ne signifie pas grand-chose. Il faut être plus clair si on veut mettre le doigt sur le problème. La crise est mondiale. Et la production d'acier n'échappe pas à la règle. Quelle est l’ampleur de cette crise ? Qu’en est-il de l’impact de la concurrence avec l’acier chinois ? De la stratégie de Mittal ? Et quelles conséquences cela a-t-il pour les travailleurs liégeois ? Voici les questions auxquelles cet article tente de répondre.

Une surproduction d'acier sans précédent

Si on devait résumer la situation en une phrase, on pourrait dire que le capitalisme pousse les propriétaires d’aciéries et de hauts fourneaux à l'échelle mondiale à produire beaucoup plus d'acier que ce que les habitants de la planète ne peuvent consommer. Contrairement à ce qu’on dit, le problème ne vient pas des besoins. Car l'acier manque partout. En fait, le problème vient du pouvoir d'achat qui baisse partout (ou presque).

Jusqu'il y a peu, la production mondiale d'acier était en augmentation à l'échelle mondiale. Le pic de production a été atteint en 2015 avec 1 milliards 669 millions de tonnes. Mais l'année suivante, pour la première fois depuis longtemps, la production a diminué. Le problème de la surproduction se pose à l'échelle mondiale. Il est estimé que 15 % de la production ne peut être achetée.

Mais ce problème de surproduction n'est pas récent. Il existe depuis longtemps dans certains continents. En Europe, on produisait 199 millions de tonnes en 2008. On n'en produit plus que 166 millions aujourd'hui. En Amérique du Nord, on produisait 125 millions de tonnes en 2008. On en produit 110 millions aujourd'hui. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’avec la crise économique, la consommation des travailleurs a baissé.

Une crise qui frappe même l'Asie

Jusqu'ici, un continent échappait à cette règle. Ce continent, c’est l'Asie. Contrairement aux autres endroits de la planète, la production y a globalement (et fortement) augmenté jusqu'à l'année dernière. En 2008, l'Asie produisait 784 millions de tonnes. En 2016, elle en produisait 1 milliard cent millions de tonnes, soit beaucoup plus. En Asie, la Chine prend une part importante de la production. A lui seul, ce pays produit 803 millions de tonnes, soit presque la moitié de l'acier du monde !

L'acier chinois responsable de nos malheurs ?

La Chine est souvent pointée comme le responsable de la baisse de la production aux Etats-Unis et en Europe. A tort. Car disons le tout de suite, cela ne correspond dans les grandes lignes pas à la réalité. Le problème principal des travailleurs de l'acier n'est pas la Chine. Le problème est la surproduction causée par le capitalisme.

Pourquoi ? Analysons les choses précisément. Jusqu'en 2015, la Chine, même en produisant la moitié de l'acier du monde, consommait pour l'immense majorité l'acier qu'elle produisait dans son pays. Comment cela est-ce possible ? N’est-ce pas exagéré d’affirmer que l’acier chinois était jusqu’il y a peu consommé par les Chinois eux-mêmes ? Non. En effet, après la crise de 2008, l'État chinois a investi massivement dans un plan de relance économique destiné à booster la consommation des habitants de ce pays. Avec une croissance économique forte, la Chine s'est développée et a eu un énorme besoin d'acier. Conséquence ? Malgré la crise de 2008, ce développement a continué : des centaines de villes ont été construites, le pouvoir d’achat a fortement augmenté, la consommation s’est accentuée. De plus en plus, la production chinoise s’oriente sur la production intérieure et non plus sur l’exportation.

Mais à partir de 2015, pour éviter une bulle de l'endettement, l'Etat chinois a réduit la croissance de ses investissements. Résultat? Une partie significative de la production d'acier est devenue excédentaire. Conséquence ? Cela a poussé les producteurs chinois à exporter une petite partie de la production d'acier qu'ils n'arrivaient plus à vendre sur leur marché. Précisément, les chiffres montrent que l'exportation d'acier a doublé entre 2013 et 2015. Où part cet acier ? Pour une grande majorité, il est exporté en Asie, en Corée du sud, au Vietnam, aux Philippines, en Malaisie, en Egypte et en Arabie saoudite où la croissance économique reste beaucoup plus importante que chez nous et où la production d’acier n’arrive pas à combler les besoins du marché.

La grande part de cet acier exporté ne va donc pas en Europe, contrairement à ce que nous vendent à longueur de journée les grandes multinationales de l'acier qui sont implantées en Europe.

Ce que les multinationales européennes de l'acier ne disent pas non plus, c'est qu'il y a deux ans, l’État chinois a réagi en décidant de prendre des mesures pour réduire ses capacités de 20 % en quelques années. Conséquence ? Pour la première fois, entre 2015 et 2016, la production d'acier chinois (et ses exportations) a baissé.

Que faut-il en tirer comme conclusion ? Est-ce que cet acier chinois est responsable des problèmes de l'industrie sidérurgique liégeoise ? Non.

Pourquoi ? Le principal problème, c’est celui-ci : la production européenne est en chute depuis longtemps. La production d'acier européen diminue presque chaque année depuis 10 ans. Et ça n’a rien à voir avec la production d’acier chinoise dont les excédents ne sont exportés en quantité significative que depuis deux ans.

Pour résumer, la crise de l'acier européen est avant tout due à la baisse du pouvoir d'achat des travailleurs européens et à la crise économique profonde que traverse notre continent. Pas aux exportations chinoises. Bien sûr, l'exportation de l'acier chinois excédentaire depuis deux ans accentue cette crise en Europe. Mais il ne faut pas prendre cet excédent récent pour ce qu'il n'est pas. Ce n'est pas la cause première des malheurs des sidérurgistes européens.

Une concurrence mortelle à l'échelle mondiale

Ces dernières années, les politiciens européens ont multiplié les déclarations contre les Chinois. Même Mittal s’y est mis. Pourtant, en appelant à la mobilisation des politiciens et des travailleurs pour installer des barrières douanières en Europe contre l'acier chinois, Mittal fait preuve d'un cynisme sans nom.

Car Mittal ne se prive pas pour investir en Chine et profiter de la croissance économique là-bas. En effet, il vient de développer une association avec le groupe Valin, qui fait partie du top 10 des sidérurgistes chinois.

Son objectif en investissant en Chine ? Tout le monde aura compris que ce n'est pas de protéger les travailleurs qui vivent de la sidérurgie en Europe. Son seul et unique objectif est de protéger les profits qu'il tire du travail de ces sidérurgistes qui travaillent sur les outils qui sont sa propriété. Peu importe que ces sidérurgistes habitent en Chine ou en Europe. Ce qui compte pour lui, c’est de faire le plus de profit.

Pour y arriver, tous les coups sont permis. Y compris jouer sur la concurrence lorsqu'elle lui rapporte de l'argent. C’est d’ailleurs ce qu’il fait déjà en Europe.

… Et une concurrence à l'intérieur du groupe Mittal qui va en se renforçant

En effet, si Mittal fait des grands appels hypocrites à lutter contre l’invasion d’acier chinoise, il n'a pourtant aucun scrupule à faire jouer la concurrence à l'intérieur de son groupe entre les sites européens. Liège en a fait les frais en 2011 et 2013 car les fermetures liégeoises étaient déjà le résultat d'une concurrence interne au groupe dans le cadre d'une production en diminution.

Mais à ceux qui pensaient que cet appétit s’était calmé, il faudra repasser. Car la concurrence interne dans les années à venir risque d'être encore beaucoup plus violente.

Pourquoi ? Premièrement, la crise économique en Europe risque de s'accentuer et la baisse de la production va probablement continuer. Deuxièmement, la mise en place éventuelle de nouvelles barrières douanières ne va pas enrayer la crise car le problème dépasse largement la petite partie d'excédent chinois qui peut potentiellement concurrencer la production d'acier en Europe. Même l'acier fabriqué en Europe n'arrive pas à être consommé par les travailleurs européens, tellement leur pouvoir d'achat est attaqué. Mais il y a encore un troisième élément qui va accentuer cette guerre que Mittal veut organiser entre ses travailleurs. Lequel ? C’est la concurrence interne au groupe. Et les problèmes se posent surtout sur un investissement de 1 milliard de dollars au Mexique et sur le rachat d’Ilva en Italie.

En investissant 1 milliard de dollars au Mexique, pour faire passer la capacité à 5,3 millions de tonnes dans le groupe au Mexique, Mittal augmente ses capacités de production dans le pays, à partir de son site maritime. Bien que Lakshmi Mittal promette que cet acier supplémentaire soit destiné uniquement au marché mexicain, vu le contexte économique actuel et les coûts bas de la production mexicaine, rien n’interdit de penser que cet acier viendra concurrencer l’acier de Mittal sur le marché européen.

Mais à court terme, c’est surtout le rachat d’Ilva en Italie qui inquiète, car Mittal va pousser la concurrence entre les travailleurs d'Europe beaucoup plus loin qu'actuellement. Pourquoi ? Ilva est un des plus grands sites de production intégrée maritime d’Europe. Actuellement, il peut produire 5,8 millions de tonnes (pour donner un exemple c’est deux fois plus que ce que le bassin liégeois produisait lorsque le chaud et le froid tournaient à plein régime). En le rachetant, Mittal veut faire passer dès cette année la production de ce site de 5,8 à 6 millions de tonnes. Mais il veut aller beaucoup plus loin car il envisage de faire passer la production dans quelques années à 9 millions de tonnes…

Conséquence ? Elle sera double. La production de Mittal va augmenter alors que la capacité de consommation va rester la même en Europe. Il y aura donc une augmentation de la production excédentaire. D’autre part, Mittal risque de renforcer sa position de monopole et pourrait éventuellement se frotter aux règles de la commission européenne.

Cette crainte est d’ailleurs partagée par les représentants syndicaux européens des travailleurs de Mittal qui ont exprimé lors du rachat d’Ilva leurs inquiétudes quant à l'impact du rachat du sidérurgiste italien Ilva pour les autres sites européens du groupe. Dans un communiqué, ils se sont inquiétés de « l’impact sur les investissements futurs des autres sites » et sur « la possibilité de monopole d’ArcelorMittal sur le marché sidérurgique et ses conséquences ».

Car au final, que risque-t-il de se passer ? Analysons les choses « froidement ». Tout d'abord, le coût de ces 6 millions de production sera moins élevé que dans d'autres sites parce que les salaires italiens sont moins élevés mais aussi parce qu’Ilva est un site intégré maritime. Mais cet acier-là rentrera directement en concurrence avec l'acier fabriqué à Liège. Ensuite, Mittal investit là où il peut gagner le plus… Le rachat d’Ilva en dit long : le coût de ce rachat est estimé à 1,8 milliard d'euros et ArcelorMittal s'est engagé à investir 2 milliards dans la modernisation de la production. Le géant capitaliste a donc décidé d'investir presque 4 milliards rien qu'en Italie, soit deux plus que son bénéfice annuel mondial de 2016... En plus, il risque de devoir diminuer sa production ailleurs pour éviter trop d’excédent et garantir qu’il ne soit pas considéré comme un monopole.

Tout cela fait beaucoup. Et ce rachat montre à quel point la concurrence dans le privé pousse au monopole et à la concentration en écrasant le travailleur.

Mais il n’y a pas que le rachat et les investissements en Italie qui posent question dans les conséquences pour Liège de la stratégie de Mittal. Car pour augmenter la concurrence, Mittal a aussi décidé d'investir dans la production d'une ligne industrielle d'acier Usibor à Florange en lieu et place de l'actuelle ligne d'électro zingage sur le site français. Cela risque de rentrer directement en concurrence avec la production dans le bassin liégeois. En effet, si il y a bien une promesse de répartir l'acier destiné à la ligne d'électro zingage de Florange vers Genk et Marchin, il n'en reste que cette production va en diminuant rapidement. Et même si à Liège on peut produire des aciers Usibor avec des normes et des largeurs différentes que celles prévues à Dunkerque, l’ouverture de la ligne à Florange peut potentiellement mettre en concurrence l'acier Usibor d'Arcelor Mittal produit en France avec celui d'Arcelor Mittal produit en Belgique.

Et le bassin liégeois ?

Avec la suppression de la phase à chaud, le bassin liégeois est déjà devenu une roue de secours dans le groupe Mittal. C’était jusqu’il y a peu une roue de secours de Dunkerque. Puis maintenant avec la création d'Arcelor Mittal Belgium un appendice de Sidmar.

Les annonces de fermeture prévoyaient qu'il devrait rester 945 hommes payés par Arcelor Mittal, sans compter l'externalisation avancée de fonctions comme celles de pontier et d'emballage, reprises par des firmes co traitantes ou sous traitantes aux conditions salariales proches de salaires payés dans les pays de l'est de l'Europe. Ce calcul était basé sur 1 600 000 tonnes. Or, aujourd'hui, à Liège, c'est plus de 2 200 000 tonnes qui sont transformés. Entretemps, des prépensionnés ont été réengagés et des CDD et des intérimaires sont venus se rajouter pour pallier dans des conditions très difficiles à cette charge de travail supplémentaire. Les investissements sont peu nombreux. La charge de travail est lourde (même avec 1400 hommes). Les conditions salariales sont désastreuses dans la sous traitance et la co traitance (des pontiers travaillent pour 10 € de l'heure). Et l'incertitude pèse.

Et les investissements ?

Face à cette situation, la direction en profite. Et elle cible les problèmes de production pour justifier les pertes d'emplois et les menaces qui pèsent sur certaines lignes. Mais comment accepter ce chantage ? Mittal n'a-t-il pas reçu 138 millions € pour investir dans le bassin ? Trente millions € étaient prévus pour Ferblatil. Où sont-ils passés ? De ce que l’on sait aujourd’hui, 60 millions € ont été investis pour le JVD à Kessales et 18 millions pour le packaging à Tilleur.

Le respect des accords jusqu'en 2019 ?

Jusqu'en 2019, normalement, Mittal est obligé de respecter les accords. Au niveau industriel, le cadre des 945 doit être respecté, aucune ligne ne peut être supprimée et un tonnage minimum par ligne doit être garanti. Mais malgré les signatures apposées au bas du document en 2014, toutes les personnes concernées s’interrogent : Mittal va-t-il respecter ces accords ?

Pour Mittal, cet accord n'est qu'un bout de papier. Il a déjà montré qu'il s'asseyait sur la volonté populaire mais aussi sur la volonté politique quand elle ne l'arrange pas (ou quand cette volonté n'est pas affirmée avec assez de force). Mittal a d'ailleurs déjà montré qu'il pouvait s'essuyer avec. En investissant à Florange, Mittal trahit l'accord car c'est la galva 5 qui aurait dû, selon l'accord, être approvisionnée à la place de la création d'une nouvelle ligne à Florange. Si dans le cadre des accords signés après 2013, Mittal s'est déjà assis sur une promesse. Pourquoi pas deux ? La question mérite d’être posée. Et il faut être plus que vigilant. Encore il y a quelques semaines, Mittal a annoncé qu’il voulait licencier 4000 des 14 000 travailleurs d’Ilva…

Certains voudront rassurer en disant qu'en cas de rupture de l'accord, Mittal pourrait être sanctionné par la Région wallonne qui aurait le droit, selon l'accord signé en 2013, de reprendre la main sur des lignes liégeoises. Mais combien cette perte d'une ligne pèse-t-elle pour Mittal dans un marché en crise, avec une surproduction forte et une concurrence interne poussée ? Honnêtement ? Pas grand-chose. Et quelle crédibilité à la Région wallonne dans sa capacité actuelle à mener la lutte contre cette multinationale au regard des aboiements suivis de courbettes qui ont, en définitive, été les seules choses concrètes réalisées par le gouvernement wallon à l'encontre de Mittal ? Honnêtement ? Aucune.

Qu'est-ce qui peut sauver nos emplois ?

L’ensemble des sites doit continuer à tourner. Le contraire serait une catastrophe. C'est ce pourquoi nous nous battons. Et c’est pourquoi le PTB continue à croire et à défendre le maintien d’une sidérurgie à Liège.

Mais le pire serait de compter sur Mittal pour y arriver. Car si on l'écoute, il va falloir être toujours plus compétitif, toujours plus concurrentiel, accepter les suppressions d'emplois, les fermetures de lignes puis les fermetures de sites. Et puis ? Il n'y aura plus rien...

Que faut-il faire alors ? Il faut se préparer à lutter. Car un dur combat va s'engager. Peut-on encore se permettre de perdre plus de 1000 emplois directs ? Un savoir-faire de plusieurs siècles ? Un secteur industriel de plus ? Non !

Si on laisse nos sites sidérurgiques dans les mains du marché, ils risquent de disparaître rapidement dans la tempête de la concurrence.

Que faut-il faire alors ? Il n’y a qu’une solution. C'est de défendre ce que nous avions avancé en 2011 et 2013, mais que le gouvernement n'avait pas osé mettre en place : la mise sur pied d'un pôle public sidérurgique. Aujourd'hui, nous n'avons plus, comme à l'époque, à prouver que c'est possible. Les arguments ont déjà été avancés : c'est légalement possible et c'est techniquement faisable. Cela se fait d'ailleurs à quelques centaines de kilomètres de chez nous en Allemagne.

Comment y arriver ? Le problème de 2017 reste le même qu'en 2013 : il faut une volonté des travailleurs, porté par un mouvement large et il faut une volonté politique. En 2013, c'est l'absence de courage politique qui a empêché la mise sous statut public, malgré la lutte des travailleurs. Aujourd'hui, les deux sont à construire. Mais nous avons des atouts. Plus que jamais, la mise sous statut public apparaît comme la seule solution possible. Et politiquement, le PTB est plus fort en 2017 qu’en 2011 et 2013.

Nous savons que cette solution ne tombera pas du ciel. Lutte ou fatalisme ? Il faudra choisir. Car le fatalisme ne nous apportera rien. Sauf un désert économique et social. Qui pourrait arriver plus vite que prévu si on n’y prend garde.